Rendre un métier accessible à des publics éloignés de l’emploi : c’est l’ADN du certificat « Auxiliaire Entretien Cadre de Vie » que nous expérimentons à travers la France, sous l’impulsion de la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile. Exemple à Lorient où les apprenantes viennent de recevoir leur attestation de fin de formation. Un aboutissement rendu possible grâce à un partenariat entre France Travail, l’organisme de formation Agora Services et IPERIA. Découvrez ce métier à travers le parcours des candidates, leur ressenti et leurs projets.
Expérimenter un nouveau métier
Dehbia, Samia, Christelle, Mercedes, Magali : jeudi 12 décembre, à Lorient, au sein des locaux de l’organisme de formation Agora Services, ces apprenantes, ainsi que les formatrices, les partenaires, des représentants d’IPERIA et de France Travail, étaient réunis pour célébrer comme il se doit la fin de deux mois de formation. Comme d’autres candidats à travers la France, elles ont obtenu leur attestation à l’issue d’une expérimentation pour le certificat de niveau 2 « Auxiliaire d'entretien du cadre de vie ». À terme, l’objectif est d’inscrire cette certification au RNCP auprès de France Compétences. Grâce à des passerelles intra-sectorielles, une orientation sera possible vers les trois titres à finalité professionnelle et les cinq certificats de compétences complémentaires.
Ce parcours de formation a vu le jour grâce à l’engagement et l’implication de la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile. À Lorient, l’expérimentation a été menée par le biais d’un partenariat entre IPERIA, l’organisme de formation Agora Services et France Travail.
Un public (très) éloigné de l’emploi
Les auxiliaires d’entretien du cadre de vie sont des professionnels qui accomplissent deux missions principales (entretien du cadre de vie et entretien du linge) en suivant les consignes et responsabilités confiées par leur(s) particulier(s) employeur(s). En proposant cette certification spécifique, la branche s’adresse aux publics les plus éloignés de l’emploi ou en insertion, et créé la possibilité d’intégrer le secteur grâce à un accompagnement ciblé et de qualité.
Les candidates du territoire lorientais étaient toutes, avant la formation, totalement ou presque totalement éloignées de l’emploi. Dehbia en témoigne : « tout est nouveau pour moi. Je n’ai pas fait d’études et je ne travaillais pas. Pour une fois, se sont mes enfants qui m’ont fait réviser ». Une grande première, un saut dans le vide vertigineux pour Mercedes qui arrivait chaque matin en affirmant « je vais tout arrêter » mais qui est allée au bout du parcours, heureuse de brandir son attestation de fin de formation, soutenue par ses partenaires et les deux formatrices, Isabelle et Sophia. Les mois d’apprentissage à leurs côtés ont d’ailleurs transformé l’image que Christelle avait d’elle-même, si fière d’avoir « appris plein de choses ».
Théorie, mise en pratique, job dating : du concret pour l’employabilité
Les dossiers de 27 candidats ont été étudiés en premier lieu. Au terme d’évaluations préalables et de la formation, 5 ont été certifiées.
Parmi les modules enseignés aux stagiaires : le protocole d’entretien du linge, le séchage et le repassage du linge, et pour la partie théorique, citons l’entretien d’embauche, les dangers du travail et les postures. La formation alterne entre théorie et pratique, temps collectifs et individuels. Isabelle, l’une des formatrices, explique d’ailleurs que la partie théorique n’avait au début « pas beaucoup de sens pour les stagiaires. Elles ont souffert » et, petit à petit, elles accueillaient ces temps pédagogiques plus sereinement, dépassant leur appréhension, comme le raconte Mercedes avec humour : « Dès que je voyais Isabelle, je disais « oh non, pas la théorie ! » ». Il est vrai que pour des personnes qui n’ont pas l’habitude de suivre des cours, c’est un sacré cap à franchir. Sophie Pannetier, Directrice formation et emploi d’Agora Services, confirme d’ailleurs que « La théorie est importante, mais c’est la partie la plus difficile ».
L’utilisation des outils numériques était également au programme notamment pour passer des évaluations. Ce fut une découverte pour la plupart des stagiaires mais beaucoup ont gagné en agilité numérique. « J’avais beaucoup d’appréhension, c’était la partie la plus dure, mais c’est à ce moment-là que j’ai pris confiance » nous raconte Dehbia.
Autre découverte, le job dating organisé fin octobre, qui a remporté un franc succès puisqu’il y a eu « plus de propositions d’accueil en stage que de stagiaires » comme l’a précisé Sophie Pannetier. Cet exercice de présentation de soi et de ses compétences a créé pas mal de stress mais les stagiaires ont su, là encore, relever le défi. Pour Sophia, formatrice des modules de mise en pratique, ce job dating s’est avéré « un très bon entrainement, qui les a rassurés, les a mis dans une vraie posture professionnelle ».
Une belle aventure humaine
Autre étape cruciale pour les apprenantes : le stage dans une structure partenaire. Une révélation, un succès pour Dehbia qui a bouclé cette mise en pratique par l’obtention d’un contrat à durée indéterminée. « Ma vie a complètement changé, je suis très émue » a-t-elle ainsi confiée lors de la remise des attestations, sous le regard bienveillant de ses partenaires de formation. Car cette expérience intense et parfois intimidante a eu un autre atout : « La formation créé des liens. On parle à tout le monde » explique Christelle. Et cette camaraderie a beaucoup compté au moment de franchir le dernier obstacle : le passage devant le jury. Une étape qui faisait « très peur » à Christelle et qui impressionnait également Mercedes (« Rien que le mot jury, ça m’effraie »). Tout s’est pourtant bien terminé, grâce au travail bien sûr, mais pas seulement : « Nous avons une complicité, nous nous sommes soutenues » confirme Dehbia.
Elles ont aussi pu s’appuyer sur l’écoute et la patience de leurs formatrices. Sophia est heureuse d’avoir observé « un renforcement de l’estime de soi apporté par la formation ». « Ce fut très enrichissant pour nous aussi » ajoute Isabelle, fière de ses apprenantes. Elle rappelle l’importance de ce parcours : « Non seulement il s’agit d’une première fois pour les stagiaires, mais en plus ce parcours est certifiant. C’est un grand pas ». Pour mettre en valeur la volonté et l’amitié des certifiées, Sophie Pannetier conclut avec une belle proposition : « Nous allons vous nommer marraines des prochaines promotions ! ».
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